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que d’où viendrait le défaut de prescience dans les astronomes.

Or le défaut de prescience dans les astronomes ne viendrait pas de ce qu’ils ne seraient pas les auteurs des mouvemens célestes, puisque cela est indifférent à la prescience, ni de ce qu’ils ne connaîtraient pas assez bien les mouvemens, puisqu’on suppose qu’ils les connaîtraient aussi bien qu’il serait possible ; mais le défaut de prescience en eux, viendrait uniquement de ce que l’ordre établi dans les mouvemens célestes ne serait pas nécessaire et invariable : donc de cette même cause viendrait aussi en Dieu le défaut de prescience.

Donc Dieu, bien qu’infiniment puissant et infiniment intelligent, ne peut jamais prévoir ce qui ne dépend pas d’un ordre nécessaire et invariable.

Donc Dieu ne prévoit point du tout les actions des causes qu’on appelle libres.

D’où il n’y a point de causes libres,ou Dieu ne prévoit point leurs actions.

En effet, il est aisé de concevoir que Dieu prévoit infailliblement tout ce qui regarde l’ordre physique de l’univers, parce que cet ordre est nécessaire et sujet à des règles invariables qu’il a établies. Voilà le principe de sa prescience.

Mais sur quel principe pourrait-il prévoir les actions d’une cause que rien ne pourrait déterminer nécessairement ? Le second principe de prescience qui devrait être différent de l’autre, est absolument inconcevable ; et puisque nous en avons un qui est aisé à concevoir, il est plus naturel et plus conforme à l’idée de la simplicité de Dieu de croire que ce principe est le seul sur lequel toute sa prescience est fondée.

Il n’est point de la grandeur de Dieu de prévoir des choses qu’il aurait faites lui-même de nature à ne pouvoir être prévues.

DEUXIÈME PARTIE.

Il ne faudrait donc point ôter la liberté aux hommes pour conserver à Dieu une prescience universelle, mais il faudrait auparavant savoir si l’homme est libre en effet.

Examinons cette deuxième question en elle-même et sur ces principes essentiels, sans même avoir égard au préjugé