Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

80
L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


pour aller chercher un pot de chambre au bas de la montée, mais le bonhomme Le Rocher, concierge de la prison, homme incomparable pour sa bonne humeur et son inclination à donner tous les plaisirs de la vie, fidèle ami de Poquet et de Céladon, jusqu’à leur prêter de l’argent et vaquer au soin de leurs affaires, se doutant à peu près de ce petit badinage, s’était coulé sans bruit jusqu’à leur porte pour écouter tout ce qui s’y passait, et ayant reconnu le mystère il ne fut pas fâché de voir que Poquet était sorti d’entre les bras de Dorimène, et courut légèrement remplir la place vide, où, quoique vieux, il fit cela deux fois de suite, à ce qu’il m’a juré depuis.


   Quoique sa barbe fût de neige,
   Son cœur était encore vert
   Et couvait certain feu couvert
Dont la légèreté flottait comme un liège ;
   Il allait et venait encor
   Pour tendre l’amoureux piège,
Et ses vieux ans étaient si chéris de son sort
Que souvent les Amours étaient de son cortège.


Poquet, en cherchant à vider sa vessie, avait rencontré la femme du concierge, à laquelle il avait paru si échauffé et si plein d’émotion que la fine petite bossue ne savait quasi ce qu’elle en devait croire.

La première chose qui lui vint en la pensée, ce fut que Céladon et lui perçaient la muraille de leur escla-