Aller au contenu

Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

258
L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


rière à tous ceux qui voulaient entrer en lice. Mais quoique la liberté fût grande, on ne fit point d’autre insolence, que je sache, et l’on se quitta plus honnêtement qu’on n’a de coutume de se quitter du Marigot quand on y a fait la débauche.

      Jamais Bacchus ne fut plus raisonnable,
Jamais moins de fureur dans un excès de vin
N’envenima la joie et la paix d’une table ;
Aussi jamais Vénus ne parut plus aimable
Et n’eut plus de pouvoir sur ce père divin.

Tout le monde avait déjà monté à cheval, et nous partions aussi, le prince étranger et moi, avec La Sonde que nous tenions par-dessous les bras, et qui nous avait priés d’aller coucher chez lui, lorsque le vicomte du Carbet, s’étant peut-être ressouvenu que je n’avais plus d’accès au Grand-Pérou, revint au galop sur ses pas et me força de prendre la croupe de son cheval, je dis qu’il me força, car Son Altesse Iroise et La Sonde voulaient que je leur tinsse compagnie, et j’étais bien aise de m’aller reposer.

Nous rejoignîmes dans un instant le baron du Marigot, et comme le vin était notre guide et que les ivrognes sont insatiables, nous nous rendîmes chez le chevalier de la Cabesse-Terre. Nous y trouvâmes M. de La Croix, et après avoir tous bu à la santé l’un de l’autre du vin de deux bouteilles que l’oncle et le neveu avaient apportées, nous allâmes en faire autant