Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

259
LE ZOMBI DU GRAND-PÉROU


chez M. Dufaux ; mais nous n’y arrivâmes que le vicomte du Carbet et moi, car le baron du Marigot s’était secrètement dérobé à la faveur des ténèbres. Mlle  Dufaux ouvrit en chemise et nous dit que son mari n’y était pas ; mais le vicomte l’eut bientôt trouvé, et nous achevâmes là de vider notre bouteille, et nous leur donnâmes le bonsoir.

            La belle que l’on réveilla
            Avec douleur s’était levée ;
            Notre départ la consola
            Du chagrin de notre arrivée.

Je croyais raisonnablement qu’après avoir tant rôdé, le vicomte m’allait mener coucher au Carbet ou chez son neveu ; mais, sur ce que je me plaignais qu’il n’en prenait pas le chemin et que je ne pouvais plus me tenir à cheval : « Mon frère est ce matin reparti pour la Grande-Terre, me dit-il ; et il m’a prié de ne retourner point au Carbet que premièrement je n’eusse vu comme les choses se passent au Grand-Pérou : nous y allons, et au retour je vous mènerai chez ma sœur. — Bon, bon, répondis-je, ce sont plutôt les affaires de la belle petite négresse au prince étranger qui vous mènent que celles de votre frère ; mais cela ne dit rien, allons où il vous plaira, pourvu que vous meniez votre cheval plus doucement ; aussi bien je fis hier serment à la comtesse de Cocagne que je la verrais aujourd’hui à quelque