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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


le concierge le vint avertir que Le Hayer, procureur du roi du lieu, fameux fripon et grand scélérat demandait à parler à lui.


Ce fut à son amour un cruel coup de foudre.
Toutefois ce malheur le tira d’embarras,
   Car à quoi se pouvoir résoudre
Sur le choix délicat de leurs divins appas ?


De sorte qu’il se fallut séparer sans en venir au doux moment ; mais Amarante, qui aurait plutôt consenti à perdre la vie qu’à laisser écouler la journée sans se faire appliquer la marque de Céladon, lui promit de revenir dans peu de temps ; et Marcelle lui dit à l’oreille, sans être aperçue d’Amarante ; « Cher Céladon, vous m’aurez à dîner. »

Céladon n’eut pas plutôt entretenu Le Hayer sur quelques affaires qui le regardaient, qu’ils se séparèrent aussi bons amis que l’incompatibilité de la vertu du prisonnier avec les mauvaises qualités de l’autre le permit. Et comme Céladon remontait en sa chambre, une jeune créature lui présenta ce billet, avec une bourse tissue des plus beaux cheveux de l’univers ; et l’ayant ouverte, il y trouva ces mots :


Billet de Dorimène à Céladon.


« Je vous conjure, mon très cher Céladon, d’accepter ces dix louis. L’état présent de votre fortune m’a fait