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INTRODUCTION

Baffo, ce fameux vérolé, surnommé l’obscène, que l’on peut regarder comme le plus grand poète priapique qui ait jamais existé et en même temps comme l’un des poètes les plus lyriques du xviiie siècle, écrivait dans ce patois vénitien qu’ont illustré un grand nombre d’ouvrages remarquables dans tous les genres.

Le rôle joué par les patois dans la littérature italienne est considérable. Dante leur a donné le titre de langues. Il y a plus de différences entre l’italien et certains patois qu’entre l’italien et l’espagnol.

Beaucoup de poètes d’Italie se sont servis de leur dialecte natal. Il y a ainsi une foule d’auteurs dont la renommée n’a jamais dépassé leur province et les ouvrages qu’ils ont écrit sont les plus capricieux du monde et d’une hardiesse dont on n’a pas idée.

Le patois vénitien a une douceur unique. La grâce et la mollesse s’y mêlent dans des proportions si justes qu’il favorise avant tout le lyrisme érotique bien qu’une littérature patoise soit presque toujours satirique. On peut dire qu’à Venise, la satire fut surtout voluptueuse. On connaît mal en France les auteurs vénitiens et le Baffo est le seul que l’on ait traduit jusqu’ici. Il y eut encore, au xvie siècle un écrivain-acteur dont la fantaisie bouffonne ne donna pas seu-