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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

lement l’essor à la comédie en patois, mais servit puissamment à une forme nationale du Théâtre italien : la Commedia dell Arte. Calmo écrivit des Églogues et six comédies : La Spagnolas, la Saltuzza, la Pozione, Fiorina, la Rodiana, Il Travaglia. Les comédies de Calmo sont savoureuses. Cet auteur qui visait parfois à être pastoral, réussit souvent à être ampoulé et compliqué de la façon la plus amusante qui se puisse imaginer.

Maffeo Veniero vivait vers le même temps que Calmo, mais celui-ci était son aîné. Les chansons de Veniero seraient sans doute difficiles à traduire. On y trouve à la fois de l’harmonie, une grande richesse d’expression, de l’éclat, de l’ironie et de la tendresse. Tout cela forme un ensemble très hardi où les beautés ne manquent point. Il mourut en 1586, à l’âge de trente-six ans et on ne fit paraître ses vers que longtemps après, en 1613.

Au xviie siècle, Bona règne sur le Parnasse vénitien. Le brio, cette verve des lagunes, a disparu et il faut pour qu’il reparaisse arriver au xviiie siècle, à l’époque de Goldoni, à l’époque de Baffo.

Giorgio Baffo naquit à Venise en 1694 et y mourut en 1768, âgé de 74 ans. Il était le dernier représentant d’une vieille famille patricienne qui avait fourni une sultane aux Ottomans.

Toute jeune, elle fut prise par les Turcs, sur un vaisseau qui la transportait avec ses parents à Corfou dont son père était gouverneur. La jeune Vénitienne entra dans le sérail d’Amurat III, et comme elle était d’une très grande beauté, le sultan en devint épris et l’aima uniquement.