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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Mais mieux encore sur le Sultan son fils.

Ah ! si de mon sang
Quelques gouttes coulent dans les veines des Sultans,
Je ne m’étonne pas s’ils foutent comme chiens.

*

Il en est qui se vantent et font même grand bruit
De ce qu’ils ont une reine pour parente ;
Moi, j’ai une impératrice d’Orient !
Mais cet honneur, je n’en fais aucun cas.

La mienne en plus a pondu un gamin
Dont descend l’Ottomane race ;
Même de cela je n’en pense rien,
Cela me semblerait plaisir de viedaze.

Je pense qu’aux Sultans est resté ignoré,
Qu’ils descendent de ma famille ;
Mais, qu’ils le sachent, je n’en ai cure

Je pourrais, il est vrai, faire le chemin,
Mais comme je suis vieux, je suis sûr
Qu’il ne voudrait même pas me donner une bulgarade.

La vie de Baffo n’est pas connue. On sait qu’il fut élu membre de la Quarantia, Cour suprême de justice à Venise. Il possédait un palais, œuvre de Sansovino où il vivait, dit-il,

Dans un coin de la cuisine.

On en a conclu que le Baffo était pauvre, mais ce n’est pas certain, il semble au contraire avoir joui d’une certaine aisance.

Il ne se maria jamais, bien qu’il en ait eu souvent