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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Je lui dirais de lire tous les auteurs
Qui ont écrit des femmes et des amourettes :
Il verra que sous les belles fleurettes
Se tiennent blottis les plus lascifs amours.

Sur tous le Pétrarque a remporté la victoire,
Et pourtant il n’a parlé que d’une Femme ;
Néanmoins il l’a laissée debout dans la gloire.

Eh quoi ! j’aurai le blâme et lui la couronne !
Il a écrit un Roman, et moi une Histoire ;
Il a chanté Laure, et moi j’ai chanté Moniche.


L’AUTEUR NE VEUT PAS DE MÉTAMORPHOSES

Dès que me vient une idée, je fais un Sonnet,
Et je le fais en Vénitien, comme je suis né,
Bien que je sache qu’il y ait plus d’un sot
Qui me condamne parce que je parle net.

Mais au temps d’innocence le plus parfait,
C’est-à-dire quand l’Homme a été fait,
L’Homme et la Femme étaient, de fait, nus,
Et c’était là d’innocence l’effet.

Puis est venue la malice, apertement,
Et avec elle la rougeur ; et ces pauvres gens
Ont eu tant de honte, qu’ils se sont couverts.

Donc apprenez, mes chers viédazes,
Que j’écris moi aussi, en ce style sans voile,
Comme Dieu a façonné les Moniches et les Cas.