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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/42

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

L’autre était sa belle-sœur :
Toutes deux la tirelire
Mise en pièce et fracassée.

Mais autrement, de figure
Et d’aspect fort agréables ;
Elles ont reçu en don de la Nature
Une grâce noble et séduisante.

L’une est blonde comme l’or ;
Châtaine est la Tonina,
Et son œil est si noir
Qu’à le voir il vous assassine.

Toutes deux ont le front large,
Toutes deux la peau blanche,
Toutes deux la démarche majestueuse,
Toutes deux la porte franche ;

Non pas qu’avec un osella[1]
On s’en tire, ou avec un ducat ;
Qui veut s’ouvrir leur guichet,
Deux sequins, c’est le prix fait.

Il faut de plus débourser
La prébende à Siora[2] Mère,
Et donner encore quelque chose
À l’illustrissime Signor Père.

De même à la soubrette,
On lui donne deux pittons[3]

  1. Ancienne monnaie de Venise qui valait au xviiie siècle trois livres dix sous.
  2. Madame, signora.
  3. Deux livres.