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Page:L’Anarchie passive et le comte Léon Tolstoï.djvu/128

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L’ANARCHIE PASSIVE

tale, nous les laissons faire, et voilà des centaines de familles plongées dans la douleur, dans la misère, et tout cela seulement grâce à notre inertie, à notre passivité. Ou bien, nous voyons des hommes vicieux et brutaux violer des fillettes en bas âge, nous les voyons corrompre nos garçons, et nous les laissons faire pour ne pas user de violence ? Mais alors, monsieur le comte, c’est nous-mêmes qui serons les auteurs de toutes les atrocités commises ; notre passivité lâche sera la pire des violences !

Et puis il ne faut pas oublier que, dans des questions de cette sorte, le tempérament joue aussi un grand rôle : un homme flegmatique, égoïste, un homme qui a dépensé dans la débauche toutes les forces de son âme, un homme n’aimant que sa tranquillité et ses aises, pourrait encore observer votre fameuse non-résistance au mal par la violence tant que sa propre peau ne sera pas en danger ; mais un homme d’un autre tempérament, un homme vif, généreux, un homme sain d’âme et de corps, en voyant les autres en péril, en voyant le lâche attentat commis sur