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Page:L’Anarchie passive et le comte Léon Tolstoï.djvu/49

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L’ANARCHIE PASSIVE

vieilles idées, de ces vieilles institutions, de ces vieilles croyances battues en brèche par les idées de négation, par les soi-disant idées libérales devenues par trop à la mode.

Et justement l’Europe traverse aujourd’hui une période pareille, où les idées pour lesquelles on a brûlé Savonarole, Huss, persécuté nombre de libres penseurs, exilé Voltaire, etc., sont tellement à la mode, tellement répandues qu’au lieu des dangers et des persécutions d’antan, elles procurent maintenant à ceux qui les professent une popularité plus ou moins grande, avec des acclamations, des triomphes, des places de députés plus ou moins lucratives, et ainsi de suite. En un mot le libéralisme qui se révolte et nie toutes les institutions de l’Église ou de l’État, est devenu tellement à la mode, qu’au lieu d’être persécuté et en danger, il se voit à présent payé et récompensé de différentes manières ; et ceux qu’on appelait avant des « conservateurs » méritent à vrai dire de recevoir un autre nom, un nom qui puisse indiquer que les hommes de ces opinions-là savent défendre leurs idées même parmi les dangers et les per-