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Page:L’Anarchie passive et le comte Léon Tolstoï.djvu/67

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L’ANARCHIE PASSIVE

c’est nous-mêmes qui les créons, que nous ne pouvons pas nous passer de symboles. Depuis la naissance jusqu’à la mort, chaque événement joyeux ou triste de la vie humaine en est entouré, et c’est à un tel degré, que Lotze disait déjà que, sans symboles, un homme ne peut ni naître ni mourir convenablement[1].

L’homme a autant besoin des symboles que de la parole articulée, car pour se comprendre soi-même, pour se rendre compte de sa vie intérieure, de sa vie psychique, il doit d’abord objectiver tout ce qu’il sent, pense, souffre, désire et veut au dedans de son âme. Sans objectivation, pas de conscience, pas de rapports avec les autres êtres humains ; et comme les mots du langage humain sont insuffisants pour objectiver tous les sentiments, sensations, pensées, jugements et volontés d’un homme, il s’aide de la mimique, des gestes, des symboles. Sans les mots de notre langage, sans les différents symboles de notre vie sociale, nous ne pourrions jamais comparer et contrôler mutuellement les données

  1. Lotze. Mikrokosmus. 1856.