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L’ANARCHIE PASSIVE

toutes les grossièretés sont complètement déplacées, et comme tout le monde connaît le comte Tolstoï pour un homme très intelligent, on reste étonné et on ne sait comment s’expliquer ces étranges méprises de plume ? Mais la foule aime qu’on se permette d’offenser des souverains, de leur jeter l’outrage, cela donne à un livre un cachet libéral… Serait-il possible que l’auteur d’Anna Karénine se soit abaissé à flatter les goûts de la foule ? En offensant les souverains, ne devrait-il pas se rappeler qu’aujourd’hui, plus que jamais, tout chef de peuple se trouve en danger imminent, qu’il sert, pour ainsi dire, de point de mire aux balles et aux coups de couteau de tous ces malheureux qui voudraient se venger de la société actuelle ; tandis que lui, Tolstoï, le vieil écrivain célèbre, ne court pas le moindre péril, parce que ses adversaires savent respecter son talent, son génie, son âge, savent maîtriser leur indignation et leur colère ?…