Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/15

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incessantes, son père finit par s’apercevoir qu’il perdait son temps à vouloir faire de son fils un homme de loi. Il lui rendit sa liberté. Arioste avait déjà dépassé l’âge de vingt ans. Il lui fallut réparer le temps perdu. Sa bonne fortune le fit tomber entre les mains du célèbre Grégoire de Spolète, savant helléniste et latiniste, sous la direction duquel il fit de rapides progrès dans la langue de Virgile et d’Horace. Il venait à peine d’entreprendre l’étude du grec quand il perdit son professeur. Sur les instances d’Isabelle, femme de Jean Galéas, Grégoire avait consenti à accompagner en France le jeune Ludovic Sforza, prisonnier de Louis XII. Peu de temps après, le père d’Arioste mourut, et tous les soins de la famille retombèrent à la charge de ce dernier, de sorte qu’il dut faire marcher de front ses études et ses démarches pour établir ses sœurs et ses frères. Il s’acquitta de cette double tâche avec un courage admirable.

Entre temps, il s’était fait connaître par quelques pièces de vers, sonnets, madrigaux, canzones. Sa réputation naissante lui valut la protection d’Hippolyte, cardinal d’Este, qui se l’attacha en qualité de poète. Mais, bien qu’Arioste fût déjà fort estimé pour ses talents d’écrivain, le cardinal se servit plus souvent de lui comme messager d’État que comme poète attitré. Il l’envoya à diverses reprises auprès du pape ; une première fois quand les Vénitiens déclarèrent la guerre au duc Alphonse, pour lui réclamer une