Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/16

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somme importante que lui devait Jules II ; une seconde fois, après la victoire des Français à Ravenne.

C’est au milieu de ces allées et venues qu’Arioste composa son poème de Roland, qu’il dédia au cardinal Hippolyte, lequel ne paraît guère en avoir compris la valeur. Un jour, après avoir entendu la lecture de plusieurs chants que le poète venait de terminer, il lui dit en riant :

« Hé ! maître Ludovic, où diable avez-vous pris toutes ces… sottises ? » Le mot, en italien, est autrement expressif, mais il ne saurait être traduit en français. Je dois ajouter que si le cardinal faisait assez peu de cas du talent de poète d’Arioste, il le payait fort mal.

Mais il fallait vivre ; il fallait surtout pourvoir aux besoins de la nombreuse couvée dont il était l’unique soutien. Arioste resta dix-sept ans auprès d’Hippolyte. À la mort du cardinal, il passa au service du duc Alphonse qui le traita avec plus de considération, sinon avec plus de largesse. Mais le désir de ne pas s’éloigner de Ferrare lui fit accepter cette nouvelle servitude :

Ce n’est pas que le service du duc soit bon de tous points ; ce qui me plaît surtout en lui, c’est que je m’éloigne rarement du nid natal, ce qui jette peu de trouble dans mes travaux.