Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/19

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dans toutes les langues. Bien qu’âgé de près de quatre siècles, il est, comme dit le poète

Jeune encore de gloire et d’immortalité.

Roland furieux fut publié pour la première fois à Ferrare, en 1515 ou 1516. Depuis cette époque, il en a été fait de nombreuses traductions françaises en prose et en vers. Voltaire disait à ce propos : « Je n’ai jamais pu lire un seul chant de ce poème dans nos traductions. » Si Voltaire vivait encore, il tiendrait certainement le même langage. Les traductions de Roland faites après lui ne valent guère mieux que celles qui existaient de son temps. Si les dernières ont été parfois un peu plus scrupuleuses sous le rapport de l’exactitude, elles sont toutes d’un terre à terre désespérant. Aucune n’a cherché à rendre le coloris étincelant, la naïveté savante, l’enjouement, le brio qu’Arioste a répandus à pleines mains sur son œuvre. À les lire, on ressent la même impression que ferait éprouver la vue d’un papillon dont les ailes, prises entre les doigts d’un rustre, y auraient laissé leurs couleurs.

Cependant, je ne crois pas qu’il soit impossible de donner de nos jours une bonne traduction du chef-d’œuvre d’Arioste. La langue française du XIXe siècle, telle que nous l’ont faite J.-J. Rous-