Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/67

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qués par les incantations, je ne saurais quand je pourrais te rendre la liberté, car une seule nuit ne suffirait pas à une telle besogne. C’est pourquoi je vais en choisir quelques-uns, selon l’époque et selon qu’il sera opportun.

« Vois ce premier qui te ressemble par sa belle physionomie et son air aimable : il sera en Italie le chef de ta famille, et en toi conçu de la semence de Roger. Je vois, par ses mains, la terre rougie du sang des Ponthieu ; ainsi de leur trahison et du tort qu’ils lui auront fait, il se vengera contre ceux qui lui auront tué son père.

« La chute du roi des Lombards, Didier, sera son ouvrage. Pour ce fait méritoire, il obtiendra du souverain empire le beau domaine d’Este et de Calaon. Celui qui vient derrière lui est ton petit-fils Uberto, honneur des armes et des pays occidentaux. Par celui-ci, la sainte Église sera plus d’une fois défendue contre les Barbares.

« Vois ici Alberto, capitaine invaincu, qui de trophées ornera tant de temples ; son fils Ugo est avec lui, qui de Milan fera l’acquisition et déploiera les couleuvres. Cet autre est Azzo, auquel, après son frère, restera en mains le royaume des Insubriens. Voici Albertazzo, dont la sage politique chassera d’Italie Béranger et son fils.

« Et il-méritera que l’empereur Othon l’unisse en mariage avec sa fille Alda. Vois un autre Ugo. Ô belle succession, en qui la valeur paternelle ne s’amoindrit pas ! Celui-ci, avec juste raison, aux Romains superbes rabat l’orgueil ; il leur enlève