Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/82

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l’hôte,— et il disait la vérité, — un nécromancien ; et il faisait souvent ce voyage plus ou moins long.

Dans son vol, il s’élevait parfois jusqu’aux étoiles et parfois rasait presque la terre, emportant avec lui toutes les belles dames qu’il trouvait dans ces contrées ; à tel point que les malheureuses donzelles qui étaient ou qui se croyaient belles — comme effectivement toutes se croient — ne sortaient plus tant que le soleil se faisait voir.

« Il possède sur les Pyrénées — racontait l’hôte — un château bâti par enchantement, tout en acier et si brillant et si beau, qu’aucun autre au monde n’est si merveilleux. Déjà beaucoup de chevaliers y sont allés, et aucun n’a pu se vanter d’en être revenu. C’est pourquoi je pense, seigneur, et je crains fort, ou qu’ils soient prisonniers, ou qu’ils aient été mis à mort. »

La dame écoute tout cela et s’en réjouit, espérant faire — comme elle fera certainement — une telle épreuve avec l’anneau magique, que le magicien et son château en soient vaincus. Et elle dit à l’hôte : « Trouve-moi un de tes gens qui, plus que moi, connaisse le chemin, car je ne puis attendre, tant le cœur me brûle de livrer bataille à ce magicien. »

« Tu ne manqueras pas de guide — lui répond alors Brunel — et j’irai avec toi. J’ai la route toute tracée par écrit, et d’autres choses encore qui te rendront ma compagnie agréable. » Il veut parler de l’anneau, mais il ne le dit pas plus clairement, de peur d’en payer la peine. « Ta présence —