Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/84

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que l’heure était venue de s’emparer de l’anneau et de faire mourir Brunel.

Mais se couvrir du sang d’un homme sans armes et d’une si basse condition lui parut être une vilaine action ; aussi bien elle pourra s’emparer du riche anneau sans le mettre à mort. Brunel ne pensait pas à la regarder, de sorte qu’elle se saisit de lui et le lia fortement à un sapin à la cime élevée. Mais auparavant elle lui arracha l’anneau du doigt.

Et, malgré les larmes, les gémissements, les lamentations de Brunel, elle ne veut pas le délier. Elle descend de la montagne à pas lents, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée dans la plaine, au pied de la tour. Et, pour qu’à la bataille se présente le nécromant, elle a recours à son cor. Après en avoir sonné, elle l’appelle au champ d’une voix menaçante et le défie au combat.

L’enchanteur ne tarda pas à paraître en dehors de la porte, dès qu’il eut entendu le son et la voix. Le coureur ailé le porte dans l’air à l’encontre de Bradamante qui semble un guerrier terrible. La dame tout d’abord se rassure en voyant que son adversaire est peu à craindre, car il ne porte ni lance, ni épée, ni masse d’armes qui puisse percer ou rompre la cuirasse.

Il avait seulement au bras gauche l’écu tout recouvert de soie rouge, et, dans sa main droite, un livre avec lequel il produisait en y lisant de grandes merveilles. Ainsi, tantôt il paraissait courir la lance au poing, et il avait fait baisser les yeux à plus d’un ; taitôt il semblait frapper avec la masse