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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/119

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au milieu de la route d’Arménie, pour suivre à pied un voleur qui m’avait fortement offensée. En voici pour preuve ma devise, qui peut s’y voir, si tu la connais. » Et elle montre gravée sur la cuirasse une couronne brisée en trois parties.

« Il est vrai — répond le roi — qu’elles m’ont été données, il y a peu de jours, par un marchand arménien. Si vous me les aviez demandées, je vous les aurais données, qu’elles soient ou non à vous. Je les avais déjà octroyées à Griffon, mais j’ai tant de confiance en lui, que, s’il m’avait fallu vous les remettre, je suis persuadé qu’il me les aurait rendues.

« Il n’est pas besoin, pour me convaincre qu’elles sont à vous, d’y voir gravée votre devise ; il suffit que vous me le disiez ; je crois à votre parole plus qu’à cet autre témoignage. Du reste, ces armes sont à vous comme juste récompense de la plus haute valeur. Gardez-les donc sans plus de contestation. Griffon recevra de moi un prix encore plus grand. »

Griffon qui tenait peu à ces armes, mais qui avait un grand désir de satisfaire le roi, lui dit : « Je serai assez récompensé si vous me dites que vous êtes content de moi. » Pendant ce temps, Marphise se disait à elle-même : « Il me semble que tout l’honneur est ici pour moi. » Et d’un air gracieux elle offrit les armes à Griffon, et finalement les reçut en don de sa main.

Puis ils retournèrent paisiblement et en bonne intelligence à la ville, où les fêtes recommencèrent. L’honneur et le prix de la joute furent décernés à