Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/122

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cosie d’où elle s’apprêtait à rejoindre son mari. Puis, ayant terminé ses affaires, et un bon vent soufflant dans la direction qu’il suivait, le patron du navire lève l’ancre, fait gouverner vers le Ponant, et déploie toutes les voiles.

Au vent du Sud, le navire dresse toutes ses voiles et gagne la haute mer. Soudain s’élève une brise du Sud-Ouest,qui reste tout d’abord assez douce tant que le soleil se maintient sur l’horizon, mais qui, vers le soir, se change en ouragan, et livre aux vagues un rude assaut, accompagné de tant d’éclairs et de coups de tonnerre, qu’il semble que le ciel s’entr’ouvre et s’embrase tout entier.

Les nuées étendent un voile ténébreux qui ne laisse apercevoir ni le soleil ni les étoiles. La mer mugit sous le navire ; le ciel rugit sur sa tête. Le vent souffle de toutes parts, et une horrible tempête de pluie, mêlée de grêle, fouette les malheureux navigateurs. La nuit vient et s’étend sur une mer formidable et de plus en plus irritée.

Les navigateurs déploient toutes les ressources de l’art où ils sont passés maîtres. L’un court en soufflant dans un sifflet, et indique à l’équipage les manœuvres à exécuter ; l’autre prépare l’ancre de salut ; d’autres amènent les câbles ou veillent aux écoutes ; celui-ci tient la barre, celui-là assure le mât ; cet autre se hâte de débarrasser le pont.

L’ouragan s’accroît encore durant la nuit plus noire et plus obscure que l’enfer. Le patron maintient le gouvernail droit en pleine mer, où il pense que les vagues sont moins fortes. Il tourne