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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/188

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qu’il a pu parcourir la mer sans de plus grands malheurs, et de ce qu’il a pu gagner le rivage connu. Là les chevaliers trouvent un pilote prêt à partir pour la France et qui les engage à venir avec lui ; ils s’embarquent sur son navire, et arrivent en peu de temps à Marseille.

Bradamante, qui gouvernait le pays, en était alors absente. Si elle s’y fût trouvée, elle les aurait forcés, par ses paroles courtoises, à séjourner auprès d’elle. Dès qu’ils furent débarqués, Marphise prit congé des quatre chevaliers et de la femme de Guidon le Sauvage, et continua sa route à l’aventure,

Disant que ce n’était pas chose louable que tant de chevaliers allassent ensemble ; que les étourneaux et les colombes allaient en troupes, ainsi que les daims, les cerfs et tous les animaux sujets à la peur, mais que l’audacieux faucon et l’aigle altier, qui n’ont besoin de l’aide de personne, les ours, les tigres, les lions allaient seuls, sans craindre de trouver plus fort qu’eux.

Aucun de ses compagnons ne partageant son avis, elle partit donc seule, poursuivant sa route à travers les bois et les sentiers inconnus. Griffon le Blanc et Aquilant le Noir prirent avec les autres la voie la plus fréquentée, et arrivèrent le jour suivant à un château où ils furent très courtoisement hébergés.

Je dis courtoisement en apparence, car ils ne tardèrent pas à éprouver un tout autre traitement. Le seigneur du château, qui les avait tout d’abord reçus en feignant une grande courtoisie, les fit