Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne prends pas la peine de vous décrire. Dans son désir de détruire l’enchantement, il brise tout ce qu’il voit sous ses yeux, ainsi que le livre lui a dit de faire, et soudain le palais s’évanouit en fumée et en vapeurs.

Il trouve le cheval de Roger, lié par une chaîne d’or. Je parle du cheval ailé que le nécromant avait donné à Roger pour le conduire chez Alcine, et à qui, plus tard, Logistilla avait imposé le frein.

C’est sur ce cheval que Roger était retourné en France et avait, pour revenir de l’Inde en Angleterre, parcouru tout le côté droit du globe terrestre.

Je ne sais si vous vous souvenez qu’il l’avait laissé attaché par la bride le jour où la fille de Galafron, qu’il tenait nue en son pouvoir, lui avait fait le cruel affront de disparaître à ses yeux. Le destrier volant, au grand étonnement de ceux qui le virent, s’en était retourné vers son maître, et était resté auprès de lui jusqu’au jour où la force de l’enchantement fut rompue.

Rien ne pourrait être plus agréable à Astolphe que cette rencontre. L’hippogriffe venait fort à propos pour satisfaire le désir qu’il avait de parcourir le monde en peu de jours, et de visiter les terres et les mers. Il savait bien qu’il était capable de le porter, car il l’avait vu jadis à l’œuvre.

Il l’avait vu dans l’Inde, le jour où la sage Mélisse l’avait arraché lui-même des mains de la scélérate Alcine qui avait changé en myrte des bois son visage d’homme. Il avait vu comment Logis-