Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accourir tumultueusement dans le but d’occuper les logements des Sarrasins.

Le roi de Fez exécute promptement cet ordre, car tout retard aurait été funeste. Pendant ce temps, le roi Agramant rassemble le reste de ses troupes et les entraîne à la bataille. Il se dirige vers le fleuve, car il lui semble qu’en cet endroit on a besoin de sa présence, un messager du roi Sobrin étant venu demander du secours.

Il conduisait, réunie en une seule troupe, plus de la moitié de son armée. À la seule rumeur produite par cette masse, les Écossais sont terrifiés, et leur frayeur est telle, qu’ils n’écoutent plus la voix de l’honneur et rompent leurs rangs. Zerbin, Lurcanio et Ariodant, restent seuls au milieu de la débâcle pour arrêter l’attaque furieuse des ennemis. Zerbin, qui était à pied, y eût probablement péri, si le brave Renaud ne s’en était aperçu à temps.

Le paladin combattait d’un autre côté, et avait vu fuir devant lui plus de cent bannières. Dès que lui parvient la fâcheuse nouvelle du grand péril que courait Zerbin, démonté et abandonné par les siens au milieu des gens de Cyrène, il fait faire volte face à son cheval, et il se dirige rapidement vers l’endroit où il aperçoit les fuyards.

Il arrive à l’endroit où il voit les Écossais revenir en fuyant ; il leur crie : « Où allez-vous ? Êtes-vous donc assez lâches pour laisser le champ de bataille à une si vile canaille ? Où sont les