Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/119

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CHANT XXX


Argument. — Étranges preuves de folie de Roland. — Mandricard et Roger combattent l’un contre l’autre pour l’écu d’Hector et l’épée de Roland. Roger est blessé et Mandricard est tué. — Bradamante reçoit des mains d’Hippalque la lettre de Roger et se plaint de lui. — Renaud vient à Montauban, et emmène avec lui ses frères et ses cousins au secours de Charles.



Quand la raison se laisse dominer par l’impétuosité et la colère ; quand elle ne sait pas se défendre de l’aveugle fureur qui pousse la main et la langue à nuire à ses propres amis, bien qu’ensuite on en pleure et qu’on en gémisse, la faute commise n’en est point rachetée. Hélas ! je pleure et je m’afflige en vain de tout ce que, dans un moment de colère, j’ai dit à la fin du dernier chant.

Mais je suis comme un malade qui, après avoir pris longtemps patience, ne peut plus résister à la douleur, cède à la rage et se met à blasphémer. La douleur passe, ainsi que l’irritation qui poussait la langue à maudire. Le malade se ravise et se repent, il a honte de lui-même ; mais nous ne pouvons faire que ce que nous avons dit n’ait pas été dit.

J’espère beaucoup, dames, en votre courtoisie, pour obtenir un pardon que j’implore de vous.