Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/118

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le besoin de manger, il s’empare des fruits, des viandes, du pain ; tout lui est bon, pourvu qu’il l’engloutisse. Partout il use de sa force contre les gens, laissant celui-ci mort, celui-là estropié. Il s’arrête rarement, et va sans cesse devant lui.

Il aurait traité de même sa dame, si elle ne s’était cachée, car il ne distinguait plus le noir du blanc, et croyait être utile en nuisant à tout le monde. Ah ! que maudits soient l’anneau et le chevalier qui l’avait donné à Angélique. Sans lui, Roland se serait vengé, et du même coup en aurait vengé mille autres.

Et ce n’est pas celle-là seulement qui aurait dû tomber aux mains de Roland, mais toutes celles qui existent aujourd’hui, car, de toutes façons, elles sont toutes ingrates, et, parmi elles, il ne s’en trouve pas une de bonne. Mais avant que les cordes détendues de ma lyre ne rendent un son en désaccord avec mon chant, il vaut mieux le renvoyer à une autre fois, afin qu’il soit moins ennuyeux pour qui l’écoute.