Aller au contenu

Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Point de cité, de château ou de forteresse qui pût s’en défendre. On la voyait pourtant prétendre aux honneurs divins, adorée qu’elle était par la multitude imbécile, et se vanter d’avoir en sa puissance les clefs du ciel et du ténébreux abîme.

Derrière elle, on voyait s’avancer un chevalier, la tête couronnée du laurier impérial, et accompagné de trois jeunes hommes portant les lis d’or brodés sur leurs vêtements royaux. Recouvert des mêmes insignes, on voyait un lion marcher avec eux contre le monstre. Ils avaient leur nom écrit, qui au-dessus de la tête, qui sur le bord de leur vêtement.

Au-dessus de l’un d’eux, dont l’épée était plongée jusqu’à la garde dans le ventre de la bête féroce, était écrit : François 1er, de France. À côté de lui, sur le même rang, était Maximilien d’Autriche. L’empereur Charles-Quint avait transpercé de sa lance la gorge du monstre ; l’autre, dont la flèche se voyait fichée dans sa poitrine, était désigné sous le nom d’Henri VIIl d’Angleterre.

Le lion, dont les dents étaient enfoncées dans les oreilles du monstre, portait, écrit sur le dos, le chiffre X., Il avait déjà tellement harassé et secoué la bête, que les autres assaillants avaient eu le temps.d’arriver. À cette vue, le monde semblait avoir rejeté toute crainte, et, pour racheter leurs vieilles erreurs, des gens de noble race accouraient, non en foule cependant, à l’endroit où la bête expirait.

.Les chevaliers et Marphise regardaient, désireux