Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/124

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le jeune Roger, auquel il ne veut pas céder le droit de porter l’aigle blanche sur ses armes ; l’autre, par le fameux roi de Séricane, qui veut lui faire rendre l’épée Durandal.

Agramant perd sa peine, ainsi que Marsile, à vouloir débrouiller cet inextricable conflit. Non seulement il ne peut parvenir à les rendre amis, mais Roger ne veut point consentir à laisser a Mandricard l’écu de l’antique Troyen, et Gradasse exige qu’on lui rende l’épée ; de sorte que l’une et l’autre querelle sont loin d’être apaisées.

Roger ne veut point qu’il se serve de son écu contre un autre adversaire que lui ; de son côté Gradasse n’entend point qu’il combatte, excepté contre lui, avec l’épée que le glorieux Roland portait d’habitude. À la fin, Agramant dit : « Trêve aux paroles, et voyons ce que la Fortune décidera. Celui qu’elle désignera passera le premier.

« Et si vous voulez encore plus me complaire, ce dont je vous aurai une obligation éternelle, vous allez tirer au sort à qui de vous combattra, mais à la condition que le premier dont le nom sortira de l’urne sera chargé de vider les deux différends, dé façon que, s’il est vainqueur, il aura vaincu aussi pour le compte de son compagnon ; et, s’il est vaincu, il aura succombé pour tous les deux.

« Entre Gradasse et Roger, je crois que la différence est nulle, ou à peu près, comme valeur, et celui des deux qui combattra le premier se comportera excellemment sous les armes. Quant à la