Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/125

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victoire, elle sera du côté que la divine Providence voudra. Le chevalier vaincu n’aura rien à se reprocher ; tout sera imputable à la Fortune. »

Roger et Gradasse n’opposèrent mot à la proposition d’Agramant, et furent d’accord que le premier d’entre eux dont le nom sortirait, se chargerait de l’une et l’autre querelle. En conséquence, leurs noms furent écrits sur deux billets ayant même ressemblance et même forme et renfermés dans une urne que l’on agita longtemps, de manière à les bien remuer.

Un innocent enfant mit la main dans l’urne et prit un billet ; le hasard amena le nom de Roger et laissa au fond celui du Sérican. On ne saurait dire quelle allégresse ressentit Roger, quand il vit son nom sortir de l’urne. Par contre, le Sérican en fut très affligé ; mais ce que le ciel décide, force est de l’accepter.

Le Sérican passe tout son temps, met tous ses soins à conseiller, à aider Roger, afin qu’il soit vainqueur. Il lui montre une à une et lui rappelle toutes les choses qu’il a déjà expérimentées par lui-même ; comment on se couvre tantôt de l’épée, tantôt de l’écu ; quelles bottes sont mauvaises et quelles sont celles dont on est sûr ; à quel moment il faut avancer puis reculer.

Le reste de ce jour, où l’accord avait eu lieu ainsi que le tirage au sort, est consacré de part et d’autre par les amis à encourager les deux guerriers, selon l’usage. La foule, avide d’assister au combat, s’empresse d’occuper les places. Beau-