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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/130

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que c’est le souci de mon honneur qui me pousse, et non pas l’oiseau blanc peint sur l’écu. »

C’est ainsi qu’il lui parla. La dame, remplie de tristesse, lui répliqua par une foule de raisons capables non pas seulement de le faire changer de résolution, mais de faire bouger de place une colonne. Elle finit par le vaincre, bien qu’il fût armé et qu’elle fût en jupons, et elle l’avait amené à dire que si le roi leur parlait de nouveau d’un accord, il y consentirait.

Et il l’aurait fait, si, dès le lever de l’aurore avant-courrière du soleil, l’impétueux Roger, qui voulait montrer qu’il portait à juste titre l’aigle brillante, sans écouter davantage les paroles de conciliation, n’avait fait sonner du cor et ne s’était présenté tout armé, dans la lice dont le peuple entourait la palissade.

Aussitôt que le Tartare entend le son éclatant qui le défie au combat, il ne veut plus entendre parler d’accord. Il se jette hors de son lit et crie qu’on lui apporte ses armes. Son visage respire une telle résolution, que Doralice elle-même n’ose plus lui parler de paix ni de trêve. Il faut enfin que la bataille ait lieu.

Mandricard s’arme rapidement et reçoit avec impatience les services de ses écuyers. Puis il s’élance sur le bon cheval qui avait appartenu au grand défenseur de Paris, et il court en toute hâte vers la place choisie pour vider par les armes les grandes querelles. Le roi et la cour y arrivent en même temps que lui, de sorte que l’assaut éprouve peu de retard.