Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/140

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à son Roger absent, et versait d’abondantes larmes. Non pas une fois, mais souvent, Hippalque venait lui tenir compagnie et la consolait en lui disant que Roger lui garderait entièrement sa foi, et qu’elle n’avait qu’à l’attendre, puisqu’elle ne pouvait faire autrement, jusqu’au jour marqué pour son retour.

Les consolations d’Hippalque et l’espérance, compagne assidue des amoureux, calmèrent la crainte et le chagrin de Bradamante et la firent rester à Montauban pour y attendre le terme fixé par Roger. Mais celui-ci tint mal son serment.

Ce ne fut point sa faute s’il manqua à sa promesse ; et plusieurs causes indépendantes de sa volonté l’empêchèrent de tenir son engagement. Il dut rester pendant plus d’un mois étendu sur son lit, en danger de mort, tellement son état avait empiré depuis le combat qu’il avait soutenu contre le Tartare.

L’énamourée jouvencelle l’attendit jusqu’au jour marqué, mais elle l’attendit en vain. Elle n’en eut pas de nouvelles autrement que par Hippalque et par son frère qui lui raconta que Roger avait pris sa défense, et avait délivré Maugis et Vivien. Cette nouvelle, bien qu’elle lui fût agréable, lui avait cependant causé quelque amertume.

Dans le récit de son frère, elle avait entendu vanter la haute valeur et la beauté de Marphise. Elle avait appris que Roger était parti avec elle en disant qu’il se rendait au camp dans lequel Agramant était mal en sûreté. La dame le félicita