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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/141

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d’être en si digne compagnie, mais elle n’avait pas lieu de s’en réjouir, ni de l’approuver.

Et le soupçon qui l’oppresse n’est pas petit, car si Marphise est belle, comme la renommée le rapporte,et que Roger soit resté jusqu’à ce jour près d’elle, c’est un miracle s’il ne l’aime pas. Pourtant, el.le ne veut pas le croire encore, et elle espère et elle craint. Dans sa misère, elle attend le jour qui doit la rendre heureuse ou plus infortunée encore. Soupîrant, elle reste à Montauban sans jamais porter ses pas au dehors.

Elle y était encore, lorsque le prince, le seigneur de ce beau domaine, le premier de ses frères — je ne dis point le premier par l’âge, mais par l’honneur, car deux autres de ses frères étaient nés avant lui — Renaud, qui jetait sur tous les siens des rayons de gloire et de splendeur, comme le soleil sur les étoiles, arriva un jour au château à l’heure de none. Hormis un page, il n’avait personne avec lui.

La cause de son arrivée était celle-ci : retournant un jour de Brava vers Paris, — je vous ai dit que souvent il faisait ce voyage pour retrouver les traces. d’Angélique — il avait appris la fâcheuse nouvelle que ses cousins Vivien et Maugis allaient être livrés au Mayençais. C’est pour cela qu’il avait pris le chemin d’Aigremont.

Là, on lui avait dit qu’ils avaient été délivrés, que leurs ennemis étaient morts et détruits, que c’était Marphise et Roger qui les avaient mis en cet état, et que ses frères et ses cousins étaient