Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/147

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la mort du bon destrier dont tu viens de me priver, et qui me fut cher tant qu’il vécut. Viens-t’en donc, et fais de ton mieux, car il faut qu’il y ait bataille entre nous. »

Renaud lui dit : « Si c’est à cause du destrier mort, et non pour autre chose, que nous devons nous livrer bataille, je te donnerai un des miens, et sois assuré qu’il ne vaut pas moins que le tien. » L’autre reprit : « Tu te trompes, si tu crois que je manque de destrier. Mais puisque tu ne comprends pas ce que je veux, je t’expliquerai plus clairement la chose.

« Je veux dire que je croirais commettre une faute en ne t’éprouvant pas aussi à l’épée, et en ne cherchant à savoir si, dans cette nouvelle joute, tu es mon égal, ou si tu vaux mieux ou moins que moi. Donc, comme il te plaira, descends ou reste à cheval. Pourvu que tu ne tiennes pas tes mains inoccupées, je suis content de te donner tout l’avantage, tellement je désire t’éprouver à l’épée. »

Renaud, ne le fit pas attendre longtemps, et dit : « Je te promets la bataille, puisque tu es si ardent ; et pour que tu n’aies point soupçon au sujet des gens qui m’accompagnent, ils continueront leur route jusqu’à ce que je les rejoigne. Il ne restera avec moi qu’un valet pour tenir mon cheval. » Là-dessus, il ordonna à ses compagnons de s’en aller.

La courtoisie du vaillant paladin fut fort appréciée par le chevalier étranger. Renaud mit pied à