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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/148

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terre et remit les rênes de son destrier Bayard aux mains du valet. Puis, lorsqu’il ne vit plus son étendard qui était déjà bien loin, il embrassa son écu, saisit son glaive redoutable, et défia le chevalier au combat.

Alors commença une bataille telle qu’on n’en vit jamais de plus fière. Chacun des chevaliers ne pensait pas que son adversaire fût de force à lui résister longtemps. Mais quand à l’épreuve ils virent que des deux côtés les forces étaient bien égales, ils comprirent que ni l’un ni l’autre n’avaient à se réjouir ou à s’attrister. Mettant l’orgueil et la colère de côté, tous deux déploient toute leur habileté pour obtenir l’avantage.

Leurs coups, implacables et féroces, remplissent tous les environs d’un bruit horrible, soit qu’ils tombent sur les boucliers, sur les cuirasses ou sur les cottes de mailles. Sous peine de laisser l’adversaire prendre l’avantage, l’un et l’autre doivent s’étudier à bien parer plutôt qu’à attaquer, car la première faute commise pouvait entraîner un éternel dommage.

L’assaut dura une heure, et plus de la moitié de l’heure suivante. Déjà le soleil se cachait sous l’onde, et les ténèbres étendaient leur filet jusqu’aux extrémités de l’horizon, sans que les combattants eussent pris le moindre repos, ni interrompu leurs coups furibonds. Cependant, ils n’étaient excités au combat ni par la colère ni par la haine, mais seulement par le point d’honneur.

Entre temps, Renaud songeait que le chevalier