Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/15

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et justement indigné, dans son cœur généreux, que les hontes infligées à l’armée de France par des pâtres et des montagnards n’aient pas encore été vengées.

« De là, il descendra dans la riche plaine de Lombardie, entouré de la fleur des guerriers de France. Il écrasera tellement l’armée suisse, qu’elle ne songera plus jamais à relever le front. À la grande honte de l’Église, de l’Espagne et de Florence, il s’emparera de la forteresse réputée jusque-là imprenable.

« Pour s’en rendre maître, celle de ses armes qui lui servira le plus sera l’épée illustre avec laquelle il aura d’abord arraché la vie au monstre corrupteur des nations. Devant cette épée, tout étendard fuira ou sera foulé aux pieds. Il n’y aura fossés, remparts, ni murs assez forts pour défendre les cités contre lui.

« Ce prince aura toutes les vertus que doit posséder un empereur victorieux : l’âme du grand César, la prudence du vainqueur de Trasimène et de Trebbia, et la fortune d’Alexandre, sans laquelle toute entreprise s’en irait en fumée et en nuages. Sa libéralité sera telle, que je ne vois personne qui puisse lui être comparé sur ce point. »

Ainsi disait Maugis, et son récit inspira aux chevaliers le désir de connaître le nom des autres personnages qui devaient tuer la bête infernale. Parmi les premiers, on lisait le nom d’un Bernard, dont Merlin faisait un grand éloge. Par lui — disait