Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/154

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« Mais, le jour même, l’épée fut enlevée par le fils d’Agrican. Tu peux penser quelle perte c’est pour Ia chrétienté que Duranda soit encore une fois retombée au pouvoir des païens. Bride-d’Or, qui errait en liberté autour des armes de son maître, a été pris aussi par le Sarrasin.

« Il y a peu de Jours, j’ai vu Roland, sans vergogne et privé de sa raison, courir nu en poussant des cris et des hurlemenls épouvantables. En somme, il est.complètement fou. Et je ne l’aurais pas cru, si. je n’avais vu de mes yeux un spectacle aussi déplorable et aussi cruel. » Puis elle lui raconta comment elle avait vu Roland tomber du haut du pont dans sa lutte corps à corps avec Rodomont.

« A tous ceux que je ne crois.pas être ennemis de Roland, je raconte cela — ajouta-t-elle — dans l’espoir que, parmi les nombreux chevaliers auxquels j’en parle, il s’en trouvera un qui, ému de pitié pour une situation si étrange et si fâcheuse, essaiera de ramener le comte à Paris ou dans tout autre lieu ami, afin qu’on lui guérisse le cerveau. Si Brandimart le savait, je suis bien sûre qu’il fera tout son possible pour cela. »

Cette damoiselle était la belle Fleur-de-Lys que Brandimart aimait plus que lui-même. Elle venait à Paris pour le retrouver. Elle raconta encore qu’une grande querelle avait éclaté entre le roi de Séricane et le roi de Tartarie pour la possession de l’épée ; qu’elle était restée à Mandricard dont elle avait par la suite causé la mort, puis