Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/153

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Lui aussi les avait reconnus à leurs armes habituelles. L’un était revêtu d’une armure toute noire, l’autre d’une armure toute blanche ; tous deux portaient par-dessus de riches ornements. De leur côté, les deux frères reconnurent et saluèrent Guidon, Renaud et ses frères. Ils embrassèrent Renaud comme un ami, car ils avaient depuis longtemps oublié leur ancienne haine.

Ils avaient, pendant un certain temps, été en grande contestation avec Renaud, à cause de Truffaldin ; mais ce serait trop long à vous raconter. Oubliant toute colère, ils s’embrassèrent tous avec une affection fraternelle. Renaud se retourna ensuite vers Sansonnet qui avait un peu plus tardé que les autres à venir, et le reçut avec les honneurs qui lui étaient dus, dès qu’il fut instruit de sa grande valeur.

Dès que la damoiselle eut vu Renaud de plus près et l’eut reconnu — car elle connaissait tous les paladins — elle lui apprit une nouvelle qui la tourmentait beaucoup. Elle commença ainsi : « Seigneur, ton cousin, auquel l’Église et l’Empire doivent tant, Roland, autrefois si sage et si honoré, est devenu fou et s’en va errant à travers le monde.

« D’où lui est venu un tel malheur, je ne saurais te le dire. J’ai vu son épée et ses autres armes qu’il avait jetées par les champs. Je les ai vues ramasser de côté et d’autre par un chevalier pieux et courtois qui les suspendit comme un trophée glorieux aux branches d’un arbuste.