Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/170

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du grand Milon, chacun tremblait de crainte pour Renaud.

Plus que tous les autres, le frère de Vivien redoutait ce combat. Il se serait encore volontiers entremis pour le faire manquer, mais il craignait d’encourir l’inimitié du sire de Montauban, qui lui en voulait encore d’avoir empêché la première rencontre en l’enlevant sur un navire.

Mais, tandis que tous les siens sont plongés dans le doute, la crainte où la douleur, Renaud s’en va calme et joyeux de se disculper d’un soupçon injuste qui lui avait semblé si dur, et de pouvoir imposer silence à ceux de Poitiers et de Hautefeuille. Il s’en va plein de confiance et sûr en son cœur de remporter l’honneur du triomphe.

Quand les deux champions furent arrivés quasi en même temps à la claire fontaine, ils se saluèrent et s’accueillirent l’un et l’autre avec un visage aussi serein, aussi bienveillant, que si Gradasse eût été le parent ou l’ami du chevalier de la maison de Clermont. Mais je veux remettre à une autre fois de raconter comment ils en vinrent aux mains.