Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/169

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comme ils l’avaient fait la première fois, mais ils convinrent de se rencontrer le lendemain matin, près d’une fontaine voisine,

Où Renaud ferait amener le cheval, lequel serait placé à égale distance des combattants. Si le roi tuait Renaud, ou s’il le faisait prisonnier, il devait prendre le destrier sans autre empêchement. Mais si Gradasse trouvait la mort dans le combat, ou si, ne pouvant plus se défendre, il se rendait prisonnier, Renaud lui reprendrait Durandal.

Avec plus d’étonnement et de douleur que je n’ai dit, Renaud avait appris de la belle Fleur-de-Lys que son cousin était hors de sa raison. Il avait appris également ce qu’il était advenu au sujet de ses armes, et le conflit qui s’en était suivi. Il savait enfin que c’était Gradasse qui possédait cette épée que Roland avait illustrée par mille et mille exploits.

Après que les deux chevaliers se furent mis d’accord, le roi Gradasse rejoignit ses serviteurs, bien qu’il eût été engagé par le paladin à venir loger chez lui. Dès qu’il fut jour, le païen s’arma, et Renaud en fit autant. Tous deux arrivèrent à la fontaine près de laquelle ils devaient combattre pour Bayard et Durandal.

Tous les amis de Renaud paraissaient redouter beaucoup l’issue de la bataille qu’il devait soutenir seul à seul contre Gradasse, et ils s’en lamentaient d’avance. Gradasse possédait une grande hardiesse, une force prodigieuse et une expérience consommée. Maintenant qu’il avait au côté l’épée du fils