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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/175

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Parfois, croyant aller à sa rencontre, elle s’armait, descendait la montagne et s’avançait dans la plaine. Ne voyant rien, elle espérait alors qu’il était arrivé à Montauban par une autre route, et elle rentrait au château, poussée par le même désir qui l’en avait fait sortir, mais elle n’y trouvait pas davantage Roger. Cependant le terme tant attendu par elle arriva.

Puis le terme fut dépassé d’un jour, de deux, de trois, de six, de huit, de vingt, sans qu’elle vît venir son époux, sans qu’elle en apprît la moindre nouvelle. Alors elle commença à se lamenter de telle façon, qu’elle aurait ému de pitié, dans les sombres royaumes, les Furies à la crinière de serpents. Elle meurtrissait ses beaux yeux divins, sa blanche poitrine, et arrachait ses beaux cheveux dorés.

« Il est donc vrai — disait-elle — il me faut chercher qui me fuit et qui se cache de moi ? Donc, j’en suis réduite à désirer qui me dédaigne ! Il faut que j’implore qui ne veut pas me répondre ! Je dois laisser mon cœur à qui me hait, à quelqu’un qui est si convaincu de ses propres mérites, que l’immortelle Déesse devra descendre elle-même du ciel pour enflammer d’amour son cœur insensible !

« Le hautain sait que je l’aime et que je l’adore, et il ne me veut ni pour amante, ni pour esclave ! Le cruel sait que je souffre et que je meurs pour lui, et il attend que je sois morte pour me venir en aide ; et afin que je ne lui parle point de mes tourments, afin de ne point laisser fléchir sa farouche résolution, il se cache de moi, semblable à