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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/200

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Tous les peintres que nous voyons aujourd’hui, et ceux qui il y a déjà mille et mille ans furent en honneur, ont peint avec leur pinceau, soit sur toile, soit sur les murs, les choses passées. Mais vous n’avez jamais entendu dire que les anciens, non plus que les modernes, aient jamais peint les choses futures. Et cependant il s’est trouvé que des événements ont été mis en peinture avant d’être arrivés.

Mais aucun peintre, ni antique ni moderne, ne pourrait se vanter d’être l’auteur de semblables peintures. Elles sont uniquement l’œuvre des enchantements devant lesquels tremblent les esprits de l’enfer. La salle dont j’ai parlé dans l’autre chant avait été faite par Merlin. À l’aide du livre consacré soit au lac Arverne, soit aux grottes de Nursa, il l’avait fait construire en une seule nuit par des démons.

Cet art des enchantements, à l’aide duquel nos ancêtres accomplirent de si merveilleuses choses, est perdu de nos jours. Mais retournons là où doivent m’attendre ceux qui veulent voir la salle où sont les peintures. J’ai dit que, sur un signe fait à un écuyer, les torches avaient été allumées ; soudain l’obscurité, vaincue par l’éclat des lumières, s’enfuit de toutes parts. On n’aurait pas vu plus clair s’il eût fait jour.

Le châtelain dit à ses hôtes : « Je veux que vous sachiez que, parmi les guerres qui sont peintes sur ces murs, très peu sont jusqu’ici arrivées. Elles ont été peintes avant qu’elles se soient