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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/223

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« Que celui qui voudra disputer et batailler pour l’avoir, dispute et bataille ; pour moi, je suis plus désireux de le posséder pacifiquement. D’un bout à l’autre de la terre, je suis venu jadis dans l’unique but de me rendre maître de Bayard ; maintenant que je le tiens en mes mains, bien fou celui qui croirait que je consentirais à m’en défaire. Si Renaud veut le ravoir, qu’il vienne lui aussi dans l’Inde, comme je suisv enu.moi-même jadis en France.

« La Séricane ne sera pas un séjour moins sûr pour lui que la France ne l’a déjà été deux fois pour moi. » Ainsi disant, il s’en vint à Arles par la voie la plus facile et y rejoignit l’armée. Puis, ayant en sa possession Bayard et Durandal, il partit sur une galère espalmée. Mais je vous parlerai de lui une autre fois, car je dois quitter Gradasse, Renaud et la France.

Je veux suivre Astolphe qui, avec la selle et le mors, dirigeait l’hippogriffe par les airs, comme il eût fait d’un palefroi. Il le faisait aller d’une course plus rapide que le vol de l’aigle et du faucon. Après qu’il eut parcouru d’une mer à l’autre, des Pyrénées au Rhin, tout le pays des Gaules, il se dirigea vers le Ponant, du côté de la chaîne de montagne qui sépare la France de l’Espagne.

Il passa en Navarre et de là en Aragon, laissant tous ceux qui le voyaient en grande stupeur. Il laissa bien loin à sa gauche Tarragone, Biscaglia à sa droite, et arriva en Castiile. Il vit la Galicie et le royaume de Lisbonne ; puis il diri-