Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/225

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Quelques-uns de ces peuples sont chrétiens, les autres musulmans, et ont constamment les armes à la main sur leurs frontières respectives.

Sénapes, empereur d’Éthiopie, qui a une croix pour sceptre, règne sur de nombreux vassaux. Il possède des cités et de l’or en grande quantité, et son pouvoir s’étend jusqu’à l’embouchure de la mer Rouge. La foi qu’il professe est presque semblable à la nôtre, et peut suffire pour sauver de l’exil éternel. C’est là, si je ne fais erreur, qu’on fait usage du feu pour baptiser.

Le duc Astolphe descendit dans la capitale de la Nubie, et visita Sénapes. Le château qu’habite le chef de l’Éthiopie est beaucoup plus riche que fort. Les chaînes des ponts et des portes, les gonds et les serrures, et finalement tous les ouvrages qui chez nous sont en fer, sont là-bas en or.

Bien que ce précieux métal y soit en si grande abondance, il n’y est pas moins fort estimé. Les appartements de cette royale demeure sont soutenus par des colonnes de cristal limpide. Sous les balcons, divisés en espaces proportionnés, les rubis, les émeraudes, les saphirs et les topazes projettent leur froide lumière, aux rayons rouges, blancs, verts, azurés et jaunes.

Sur les murs, sur les toits, sur les pavés, les perles et les pierres gemmes sont parsemées. Là naît le baume, et, en comparaison, Jérusalem n’en produit qu’une très petite quantité. C’est de là que le musc nous arrive, ainsi que l’ambre et les