Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/232

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CHANT XXXIV


Argument. — Astolphe, étant entré dans la grotte par où l’on descend dans l’enfer, apprend d’une âme quelle peine est infligée à ceux qui méconnaissent l’amour d’autrui. De là, il va dans le Paradis terrestre ; puis il passe dans la Lune, où on lui donne le moyen de rendre la raison à Roland. Description du palais des Parques.


Ô faméliques Harpies, iniques et féroces, c’est sans doute en punition de crimes anciens, qu’un jugement d’en haut vous déchaîne sur toutes les tables, dans l’Italie aveugle et pleine d’erreurs. C’est pour cela que les enfants innocents, les mères éplorées tombent de faim et voient, en un seul repas de ces monstres hideux, dévorer ce qui devait soutenir leur existence entière.

Trop coupable fut celui qui ouvrit les cavernes où vous étiez enfermées depuis de longues années déjà ! C’est lui qui fut cause que l’infection et la gloutonnerie se répandirent sur l’Italie comme une épidémie morbide. Depuis lors, la vie heureuse y est inconnue, et la tranquillité en est tellement disparue, qu’elle a toujours été en proie à la guerre, à la pauvreté, aux angoisses, et qu’eile sera ainsi pendant de longues années encore ;

Jusqu’au jour où, secouant par la chevelure ses enfants endormis et les faisant se souvenir, elle leur criera : N’en est-il point parmi vous qui res-