Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/233

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semblent par le courage à Calais et à Zéthis, qui délivreront nos tables de l’infection et des griffes crochues, et leur rendront leur pureté première, ainsi que ceux-ci l’ont fait pour les tables de Phinées, et que le paladin le fit pour celle du roi d’Ethiopie ?

Le paladin, chassant devant lui les brutales Harpies qui fuyaient en déroute, les poursuivit des sons horribles du cor, jusqu’à ce qu’il fût arrêté par une montagne, sous laquelle elles disparurent dans une grotte. Il tendit l’oreille à l’ouverture, et il entendit comme un bruit entrecoupé de pleurs, de hurlements, de lamentations éternelles, signe évident que c’était là l’enfer.

Astolphe résolut d’y entrer, et de voir ceux qui ont perdu le jour. Il voulait pénétrer jusqu’au centre de la terre, et faire le tour des cercles infernaux. « Qu’ai-jeàcraindre,en y entrant ? — dit-il — ne puis-je pas toujours appeler le cor à mon aide ? Je mettrai en fuite Pluton et Satan, et je me ferai faire passage par le chien à triple gueule. »

Il descend prestement de son destrier ailé et le lie à un arbuste. Puis il s’enfonce dans la caverne, après avoir pris le cor dans lequel était tout son espoir. Il ne va pas loin sans qu’une fumée épaisse et âcre lui offusque le nez et les yeux. Cette fumée était plus épaisse que si elle avait été produite par la poix et le soufre. Astolphe n’en continue pas moins d’avancer.

Mais plus il avance, plus la fumée et les ténè-