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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/235

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Lydie. Ma naissance est illustre, je suis fille du roi de Lydie. Le jugement suprême de Dieu m’a condamnée à la fumée éternelle, pour m’être montrée, pendant ma vie, cruelle et ingrate envers mon amant fidèle. Cette grotte est pleine d’une infinité d’autres condamnées à la même peine pour la même faute.

« La cruelle Anaxarète est plus bas, là où la fumée est plus épaisse, et où l’on souffre davantage. Son corps est resté sur terre, converti en rocher, et son âme est venue souffrir ici-bas, pour la punir d’avoir supporté que son malheureux amant se pendît à cause d’elle. Ici près est Daphné qui s’aperçoit maintenant combien elle fut coupable en faisant courir si longtemps Apollon.

« J’aurais trop à faire si je voulais te nommer un à un les malheureux esprits des femmes ingrates qui sont ici. Il y en a en effet à l’infini. Il serait encore plus long de te dire le nombre des hommes qui, pour leur ingratitude, sont damnés, et sont punis dans un lieu encore plus effroyable, où la fumée les aveugle, et où le feu les consume.

« Les femmes étant plus faciles et plus portées à la confiance, ceux qui les trompent sont dignes d’un plus grand supplice. Thésée et Jason le savent, ainsi que celui qui porta le trouble dans l’antique royaume latin. Il le sait, celui qui, à cause de Thamar, s’attira la colère vengeresse de son frère Absalon, comme le savent aussi les autres, des deux sexes, dont le nombre est infini, et qui ont abandonné qui leurs femmes, qui leurs maris.