Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/247

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venue ? » Bien qu’il n’eût pas dit : Il ne doit pas mourir, on vit bien cependant que c’était ce qu’il voulait dire.

Jean fut ravi dans ce lieu, et il y trouva compagnie, car déjà le patriarche Enoch y était, ainsi que le grand prophète Élie, qui n’ont vu, ni l’un ni l’autre, leur dernier soir. Hors de l’air pestilentiel et mauvais, ils jouiront d’un éternel printemps, jusqu’à ce que les angéliques trompettes annoncent le retour du Christ sur les blanches nuées.

Les Saints firent un gracieux accueil au chevalier, et le logèrent dans un appartement. Son destrier fut remisé dans une écurie où de bonne avoine lui fut donnée avec abondance. On servit à Astolplie des fruits du paradis, d’une telle saveur, qu’à son avis nos deux premiers parents ne sont pas sans excuse si, pour goûter à ces fruits, ils furent si peu obéissants.

Lorsque l’aventureux duc eut satisfait aux besoins de la nature ; qu’il eut pris nourriture et repos, en ces lieux où tous les soins lui furent prodigués, il sortit du lit. C’était l’heure où l’Aurore quittait le vieil époux dont, malgré son grand âge, elle n’est point encore lasse. Le duc vit venir à lui le disciple tant aimé de Dieu,

Qui le prit par la main, et s’entretint avec lui de beaucoup de choses sur lesquelles il faut garder le silence. Puis le vieillard lui dit : « Fils, tu ne sais peut-être pas ce qui se passe en France, bien que tu en viennes. Sache que votre Roland,