Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/252

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mêle avec de grands trésors. Il demanda ce que cela signifiait, et il apprit que c’étaient là ces ligues, ces conjurations si mal cachées qu’on les découvre toujours. Il vit des serpents à figure de femme ; ils représentaient les œuvres des faux monnayeurs et des larrons. Il vit un grand nombre de bouteilles brisées de toutes formes ; c’étaient les courbettes des malheureux courtisans.

Il vit une grande masse de soupe renversée ; il demanda à son guide ce que c’était. Ce sont, lui dit celui-ci, les aumônes qu’on laisse après la mort. Il passa près d’une montagne composée de fleurs variées, qui répandaient autrefois une bonne odeur, et qui maintenant exhalent une puanteur très forte. C’était le don — si on peut l’appeler ainsi —. que fit Constantin au bon pape Sylvestre.

Il vit une grande quantité de gluaux ; c’étaient, mesdames, vos beautés séduisantes. Il serait trop long de parler dans mes vers de toutes les choses qui lui furent montrées ; car après en avoir noté mille et mille, je n’aurais pas fini. On trouve là tout ce qui peut nous arriver. Seule, la folie ne s’y trouve point ; elle reste ici-bas, et ne nous quitte jamais.

Astolphe retrouva là de nombreux jours perdus par lui, de nombreuses actions qu’il avait oubliées. Il ne les aurait pas reconnus sous leurs formes diverses, si on ne lui en avait pas donné l’explication. Il arriva ensuite à ce que nous nous imaginons posséder en si grande quantité, que nous ne prions jamais Dieu de nous l’accorder ; je veux