Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/271

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la foi que tu lui avais promise, m’a confié ce destrier pour te le donner, afin que tu sois tout prêt à soutenir le combat contre lui. Il te fait dire d’endosser ta cotte de mailles et ta cuirasse, et que tu l’attendes pour lui livrer bataille.

« Dis lui cela, et rien autre. Et s’il veut savoir de toi qui je suis, dis que tu ne le sais pas. » Fleur-de-Lys, obligeante comme toujours, lui répondit : « Je serai toujours prête à répandre pour toi non seulement mes paroles, mais ma vie, en échange de ce que tu as fait pour moi. » Bradamante lui rendit grâces et, prenant Frontin, elle lui en remit la bride en mains.

Les jeunes et belles voyageuses s’en vont toutes deux, le long du fleuve, à grandes journées, jusqu’à ce qu’elles aperçoivent Arles, et qu’elles entendent le bruit de la mer frémissante sur les plages voisines. Bradamante s’arrête à l’extrémité des faubourgs, aux barrières extrêmes, pour donner à Fleur-de-Lys le temps de conduire le cheval à Roger.

Fleur-de-Lys poursuit son chemin ; elle franchit la herse, le pont et la porte, et prenant quelqu’un qui la guide jusqu’à l’hôtellerie où habite Roger, elle y descend. Selon ce qui lui a été ordonné, elle remplit son ambassade auprès du damoiseau, et lui remet le brave Frontin. Puis, sans attendre de réponse, elle s’en va pour faire en toute hâte ses propres affaires.

Roger, confus, reste plongé dans une grande rêverie ; il ne sait qu’imaginer ; il ne peut com-